Un désaveu pour Thabo Mbeki. À la veille de l’ouverture du forum censé rassembler les acteurs de la crise congolaise en Afrique du Sud, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) ont annoncé qu’elles n’y prendraient pas part.
Outre les deux confessions religieuses, l’opposant Martin Fayulu a lui aussi décliné à son tour l’invitation, dénonçant un « flou » organisationnel. Autant de refus qui confortent la position du pouvoir de Félix Tshisekedi, déjà vent debout contre ce rendez-vous jugé « inopportun» par le gouvernement Suminwa.
– Les Églises claquent la porte –
Dans un communiqué conjoint, la CENCO et l’ECC ont confirmé leur absence à la conférence prévue du 3 au 6 septembre sur le sol sud-africain. Les deux organisations, pourtant considérées comme des acteurs centraux du dialogue congolais, estiment que cette initiative extérieure ne saurait se substituer au processus endogène déjà engagé à Kinshasa sous leur impulsion. La non participation des Églises risque d’affaiblir la crédibilité d’un forum que ses promoteurs voulaient inclusif et rassembleur.
– Fayulu dénonce un « flou » et appelle à un dialogue interne –
Peu avant, c’est Martin Fayulu qui a jeté un pavé dans la mare. Dans une correspondance adressée à la Fondation Thabo Mbeki, le leader ECIDE avait motivé son refus par un manque de transparence : « À seulement deux jours de cette rencontre, il apparaît que plusieurs éléments fondamentaux demeurent non communiqués : la liste des participants, les thématiques abordées, l’agenda des panels ainsi que les dispositions protocolaires. Ce flou suscite une certaine perplexité », écrit l’opposant.
Le leader de Lamuka invite, au contraire, les organisateurs à appuyer le processus initié à Kinshasa par les autorités religieuses congolaises. Selon lui, seule une solution « endogène, pacifique et inclusive » peut sortir le pays de ses crises récurrentes.
– Tshisekedi voit sa ligne renforcée –
Ces prises de position rejoignent celle du gouvernement congolais, qui avait déjà rejeté l’invitation de l’ancien président sud-africain. Le porte-parole de l’exécutif, Patrick Muyaya, avait rappelé que ce forum était « inopportun », tout en mettant en cause la personnalité même de Thabo Mbeki, accusé de complaisance envers les agresseurs de la RDC.
Félix Tshisekedi lui-même, lors du congrès de l’Union sacrée tenu samedi dernier à Kinshasa, avait fustigé de telles initiatives « orchestrées par des Congolais inféodés à des agendas étrangers ». Le président avait insisté sur la nécessité de privilégier un dialogue enraciné dans le pays et porté par les forces vives locales.
– L’Envol choisit Pretoria –
Par la voix de son secrétaire général, maître Rodrigue Ramazani, le parti de l’opposition a confirmé sa participation au forum de Pretoria.
« L’Envol y sera, les participants sont connus, le lieu est connu, le sujet est connu, l’agenda est connu. Nous ne trouvons aucun inconvénient d’aller en Afrique du Sud pour rencontrer des Congolais et discuter du Congo », a affirmé M. Ramazani. Prenant ses distances avec le pouvoir, il ajoute : « L’Envol n’étant pas lié par un deal caché avec le président Tshisekedi, nous ne céderons pas à ses caprices. Nous répondrons toujours présent à toute invitation favorisant la paix, l’unité nationale et l’inclusivité ».