Injections BBL : certains hommes s’expriment à Kinshasa



À Kinshasa, deux tendances esthétiques gagnent du terrain : les injections pour éclaircir le teint et le BBL (Brazilian Butt Lift), une chirurgie destinée à augmenter le volume des fesses. Popularisées par les réseaux sociaux et certaines célébrités, ces pratiques séduisent une partie de la jeunesse féminine en quête d’un idéal de beauté moderne. Aujourd’hui, nous avons interrogé les kinois à ce sujet. Baladeur.

« Je ne suis pas très partant, car ces produits contiennent des substances dangereuses pour le corps humain », confie un homme, rencontré devant son kiosque au centre-ville. Il estime que ces produits (injections pour le teint) peuvent provoquer des troubles hormonaux, des maladies de peau, et parfois des cancers.

Même constat du côté du BBL, souvent pratiqué clandestinement ou dans des conditions précaires. Fabrice Nzinga, quadragénaire et mécanicien souligne « Certaines femmes vont jusqu’à risquer leur vie pour ressembler à des modèles (influenceuses) des réseaux. Ce n’est pas normal. »

Ces pratiques s’appuient sur un imaginaire de la beauté véhiculé par les médias internationaux : teint clair, formes généreuses, silhouette dite « parfaite ». Pourtant, pour une grande partie de la population, ces standards ne reflètent ni la culture ni les valeurs congolaises. « Il faut se contenter de ce que nous sommes, tels que le créateur nous a faits », plaide Monsieur Nzinga qui appelle aussi à une campagne de sensibilisation de masse autour des risques potentiels.

Plus loin, au rond-point des huileries, Jean-Claude, conducteur de taxi-moto, est plutôt catégorique. « Une femme doit rester naturelle. Ce n’est pas dit que si tu transformes ton corps, mariage te sera à porter des mains. Non.  Il faut que le gouvernement interpelle tous ceux qui détruisent la masse avec ces pratiques » a-t-il soutenu.

Pour Welcome Ngimbi, journaliste, il est temps d’encourager l’acceptation de soi plutôt que la recherche de transformations artificielles.

« Il faut apprécier ce que l’on est, être fier de son corps. Tout ce qui est artificiel comporte des risques, parfois graves. Ces opérations et produits peuvent provoquer des infections ou des complications à long terme. Il faut sensibiliser les jeunes femmes à ces dangers », déclare-t-il.

Par ailleurs, Welcome Ngimbi préconise des solutions naturelles et accessibles. Notamment des exercices comme la planche ou le gainage qui permettent de renforcer le corps sans danger pour la santé.

De son côté, le juriste Roland Mboyo interpelle les autorités congolaises. Il estime que le gouvernement doit mettre en place un cadre strict pour réguler ces pratiques.

« Le ministère de la Santé doit agir pour protéger la populationIl faut s’assurer que les médecins qui font ces opérations sont réellement spécialistes, savoir comment ils procèdent et interdire ces pratiques tant qu’elles ne sont pas maîtrisées ici. Si rien n’est fait, nous risquons de voir apparaître des maladies que nous ne pouvons pas maîtriser, des malformations chez les jeunes filles et même des problèmes génétiques chez les enfants à naître », prévient-il.

Entre désir de plaire et besoin d’appartenance, les Kinois restent partagés. Mais une chose est claire : pour la majorité, les injections pour le teint et le BBL ne sont pas synonymes de beauté, mais de danger et d’aliénation.

Cléopâtre Iluku

Share this article

A Propos

www.culturecongolaise.com

Ali Kalonga

Directeur de la Rédaction

Tél (whatsapp): +243 808 856 557

alikalonga@culturecongolaise.com

Derniers Articles