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RDC : le Front Anti-Dialogue s’oppose et accuse les confessions religieuses de légitimer les rebelles



Dans une déclaration ferme et sans équivoque rendue publique lundi, le Front Anti-Dialogue a vivement critiqué l’initiative lancée par les Pères Spirituels et Responsables des Confessions Religieuses visant à organiser un dialogue national en République démocratique du Congo (RDC). Réuni autour du thème de la réconciliation et de la paix, ce groupe religieux a proposé une feuille de route pour un dialogue inclusif. Mais pour le Front Anti-Dialogue, cette démarche constitue une erreur politique grave et une offense aux victimes du conflit qui ravage l’Est du pays depuis des décennies.

Dans son communiqué, le Front Anti-Dialogue se revendique fidèle à l’article 5 de la Constitution, qui consacre la souveraineté du peuple congolais. S’il affirme respecter la liberté d’opinion des Pères Spirituels, il qualifie néanmoins leur démarche de « trahison morale » face à la guerre d’agression que subit le pays depuis plus de trente ans. « Plus de 15 millions de morts, des déplacés par millions, des ressources pillées chaque jour… Et au lieu d’appeler à la fermeté et à la résistance nationale, nos Pères veulent offrir au monde l’image d’un peuple résigné, prêt à capituler. C’est inacceptable ! », dénonce le mouvement.

Le Front s’oppose catégoriquement aux grandes lignes de la feuille de route proposée. Il fustige notamment :

- La volonté de « créer les conditions préalables à un dialogue inclusif », qu’il considère comme une insulte aux morts et une tentative de mettre sur le même pied des élus légitimes et des groupes armés.

- Le projet de « Dialogue des experts », dont il conteste la légitimité démocratique et la représentativité.

- L’organisation d’un « Dialogue politique », perçue comme une ligne rouge franchie, légitimant indirectement l’opposition armée et violant l’article 64 de la Constitution qui qualifie toute tentative de renversement de l’ordre constitutionnel d’infraction imprescriptible.

Enfin, la proposition d’une Conférence Internationale sur la Paix est rejetée en bloc, le Front estimant qu’il ne revient pas au peuple congolais « de quémander la paix à ceux qui n’ont jamais exprimé le moindre regret pour leurs crimes ».

Dans sa déclaration lue par Héritier Ekoto Isasi, le Front Anti-Dialogue interpelle directement les initiateurs religieux en posant trois questions fondamentales :

- Le régime de Kigali bombarde-t-il le sol congolais par manque de cohésion nationale ?

- Le Rwanda arme-t-il le M23 à cause de divisions internes congolaises ?

- Le pillage des ressources au Kivu est-il la conséquence d’un déficit d’unité interne ?

Pour le Front, la réponse est claire : l’agression est extérieure, planifiée et documentée, et ne peut être résolue par un dialogue interne.

Le Front Anti-Dialogue appelle le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à rejeter catégoriquement toute perspective de dialogue issue de cette initiative, qu’il juge piégée. Il exhorte également le peuple congolais à défendre la Constitution (article 63), et demande aux promoteurs du dialogue de respecter la souveraineté du peuple, de se préparer aux élections de 2028 sans chercher à contourner la volonté populaire. Enfin, il lance un appel solennel aux Pères Spirituels : « Restez fidèles à votre mission première : prier pour la paix, exhorter à l’amour du pays, et non à la compromission avec les ennemis de la Nation. »

 Serge Mavungu

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