Ce n’est pas de l’ignorance et encore moins de la confusion mais c’est vraisemblablement de la stupidité.

La gestion peu réjouissante du pays et de la chose publique, sous le régime de Joseph Kabila, nous permet de nous poser la question fondamentale suivante : l’élite congolaise, surtout celle de la diaspora, est-elle frappée de malédiction, à son retour au pays, lorsqu’elle est chargée d’occuper les fonctions de responsabilité et/ou de commandement ?

En effet, comment expliquer, par exemple, le cas de BEYA-SIKU (photo), Directeur de Cabinet de celui qui prétend être Président de la  République Démocratique du Congo, qui est pourtant docteur en droit de l’Université Libre de Bruxelles, et qui devrait, à son niveau, mieux connaître les principes élémentaires du droit administratif, de la Constitution et du fonctionnement des institutions politiques.

Par son avis au public portant référence 2874/2012 du 6 novembre 2012, en qualité de Directeur de Cabinet du Président de la République, BEYA-SIKU stigmatise la non-conformité des avis d’appel d’offre se rapportant, soit au recrutement des consultants en vue des audits dans certains services de l’Etat, soit ceux des marchés publics dont ces derniers, et certains ministères, seraient bénéficiaires.

Il recommande, en conséquence au public à ne pas y prêter foi.

In fine, BEYA-SIKU invite le Procureur général de la République à ouvrir, toute activité cessante, une information judiciaire à cet effet.

A l’analyse de l’avis au public qui porte sa signature, BEYA-SIKU se rend-t-il compte que sa signature, à elle seule, jette un pavé dans la mare qui sème le trouble, en opposant malheureusement et directement deux institutions appelées à ne travailler que dans une légitime cohésion ? Il s’agit, s’il ne le sait déjà, du Président de la République et de son premier ministre, c’est-à-dire de Joseph Kabila Kanambe et de Augustin MATATA PONYO. Et Gustave BEYA-SIKU ne réalise donc pas quel gâchis il provoque avec son « avis au public » ?

En fait, il faut être dans le Congo de Joseph Kabila pour voir un Directeur de Cabinet du Président de la République s’arroger le pouvoir d’édicter des décisions exécutoires à un Premier ministre en exercice et qui connaît et maîtrise parfaitement les rouages du Bureau Central de Coordination (BCECO). Il faut être soi-même amnésique et/ou analphabète juridique pour obtempérer à des ordres farfelus et inutiles de sa hiérarchie, peu importe son rang, président de la République soit-il ?

Ainsi, BEYA-SIKU puisqu’il est vraiment juriste, ne sait-il pas qu’il n’est pas habilité à interpeller une institution ? BEYA-SIKU ignore-t-il que son cabinet, ou encore la Présidence de la République n’est pas une institution, à l’opposé du Président de la République, qui constitue d’avec son Gouvernement, une institution, par ailleurs garante de la nation, selon les principes élémentaires du droit constitutionnel congolais ?

BEYA-SIKU ignore-t-il que le gouvernement est lui aussi une institution ?

BEYA-SIKU ignore-t-il encore finalement ce que nous rappelle un confrère journaliste, que politiquement irresponsable, le Chef de l’Etat n’est pas habilité à poser des actes de gestion quotidienne ?

BEYA-SIKU Gustave ignore-t-il, de surcroît, qu’il revient à chaque ministre d’être responsable de son département selon l’article 9  de la Constitution ?

Depuis que Joseph Kabila est soi-disant Président de la République, BEYA-SIKU a-t-il déjà vu Kabila répondre de ses actes devant le parlement congolais, bien que cela soit conforme aux dispositions légales ?

Monsieur le Chef de Cabinet, pourriez-vous nous dire pourquoi Joseph Kabila ne pouvait-il pas interpeller lui-même son premier ministre à l’effet d’harmoniser leurs points de vue ?

Stupidité, ne voyez-vous pas, honoré confrère (Docteur en Droit) qu’à vouloir trop instrumentaliser l’élite congolaise, on peut la rendre méprisable, et qu’en sus, Joseph Kabila prépare pour celle-ci, le cercueil qui servira à l’enterrement de tous les valets de la présidence ?

Stupidité, non, en fait « l’avis au public » de BEYA-SIKU traduit mal l’appétit féroce d’enrichissement personnel et la cupidité effrénée de toute la cour de la présidence de la république, et à sa tête, le Président Joseph Kabila lui-même. Car l’immiscion dans les marchés publics, de la présidence de la république est une autre révélation du régime kabiliste : un régime antidémocratique, dictatorial, irrespectueux des droits humains, insolent et sanguinaire ! Et dans cette cour, nos intellectuels sont tellement corrompus et mal utilisés par Joseph Kabila qu’ils sont devenus, sans honte, des petits valets sans dignité, ni fierté personnelle.

Stupidité, c’est dans ce même contexte, que nous avions accepté, sans analyse critique approfondie, à l’arrivée de l’AFDL à Kinshasa, la nomination, sous la bénédiction du Président Laurent Désiré Kabila, de James Kabarebe, en qualité de Chef de l’Etat Major des Forces Armées Congolaises (FARDC). Et pourtant, sur une photo précédente en notre possession, James Kabarebe était, auparavant, Officier supérieur des Forces armées ougandaises, tandis qu’à ce jour, bien que ministre de la Défense, James Kabarebe est aussi Officier supérieur des Forces armées rwandaises ! Et l’élite congolaise se tait, et continue à se plaire et à s’accommoder de cette imposture qui fut, par la force des choses, un événement vécu. De même, pour Joseph Kabila qui a eu à exercer son service militaire dans les rangs des Forces armées patriotiques rwandaises (FPR). Comme à l’accoutumée, l’intellectuel congolais regarde, observe, adhère et finit toujours par accepter l’inacceptable !

C’est bien certain !

On dirait qu’après de hautes études dans diverses universités du monde, nombre de nos concitoyens, diplômés desdites universités, que nous respectons à juste titre, une fois qu’ils sont versés dans les affaires de l’Etat, au retour au pays, se montrent facilement malléables et défaillants devant l’argent et face au pouvoir, sacrifiant l’intérêt général du peuple congolais perdu, qui ne se retrouve pas du tout dans cette élite corruptrice.

C’est dire, qu’en cédant à la tentation de l’adage épicurien qui veut profiter égoïstement du moment présent (« carpe diem, eras moriemur ») notre compatriote Gustave BEYA-SIKU, Docteur en Droit, trahit superbement sa science juridique, oublie tout son passé de labeur comme étudiant, et se rend amnésique, aveugle et sourd au contexte et aux réalités qu’imposent le pragmatisme et la science.

Amnésique, oui, car BEYA-SIKU ne pense plus guère au sort réservé à tant d’autres directeurs de cabinet de Joseph Kabila avant lui.

In fine, la stupidité avérée au sein de l’exécutif congolais caractérise le régime actuel de Joseph Kabila Kanambe. Vouloir contester le bureau central de coordination (BCECO) n’est, à notre avis, qu’un prétexte de plus pour s’emparer des marchés publics, à l’avantage d’une certaine caste sociale, et au détriment du peuple congolais.

Bamba-di-Lelo