RDC : Félix Tshisekedi à Bruxelles: « Oublions nos différends » pour « chasser Kabila »
Trois jours après une réunion "secrète" de l'opposition à Bruxelles, Félix Tshisekedi s'est adressé mercredi après-midi 8 novembre, dans la capitale belge, à la diaspora congolaise pour l'"exhorter" à s'unir en vue d'un but commun: le départ du président hors mandat Joseph Kabila "avant le 31 décembre 2017".
Le président du Rassemblement d’opposition a expliqué au public présent dans une salle du quartier africain de Bruxelles, surnommé « Matonge », que l’Accord de la Saint-Sylvestre 2016 avait été « une victoire, obtenue autour d’une table, sous la pression du peuple, qui a fait peur à la communauté internationale ». Mais Kabila « a saisi l’occasion du décès« , le 1er février, d’Etienne Tshisekedi – survenu deux mois après celui du chef d’une autre branche de l’opposition, le G7, Charles Mwando Nsimba – pour « bazarder l’Accord ». Les discussions sur sa mise en œuvre n’ont jamais abouti en raison de la « mauvaise foi » du camp kabiliste, qui y participait « pour tuer l’Accord« . Les évêques, médiateurs, « ont rendu leur tablier et tout a capoté« . Joseph Kabila a « alors commencé les débauchages » au sein de l’opposition « et les plus faibles d’entre nous ont mordu à l’hameçon« .
Bien pire que ce que vous croyez
Ce résumé de l’échec de l’Accord de la Saint Sylvestre fait, Felix Tshisekedi s’est attelé à convaincre son auditoire que la situation au Congo était « bien pire que ce qui circule sur les réseaux sociaux« . De retour d’une tournée au Katanga, il a souligné qu’en province, « loin des journalistes et consultats étrangers », « on tue parce qu’il n’y a pas de témoins étrangers ». « La dictature (…) revient au galop », accompagnée « d’un système de pillage systématique du Congo« . C’est pourquoi « quelle que soit notre sensibilité, nous devons tous nous mettre ensemble », « oublier » les reproches sur « l’intégrité » des uns et des autres pour « nous libérer » et obtenir « le départ forcé de Joseph Kabila« . Et d’accuser celui-ci d’avoir utilisé, pour des achats « d’armes » et matériel répressif, l’argent budgétisé chaque année pour les élections, « qu’il n’a pas l’intention d’organiser ».
Face à des « dirigeants qui n’ont aucun sentiment d’attachement au peuple« , le pays est « en danger« . « Je vous demande de mettre nos querelles de côté et de nous mettre tous ensemble ». Et d’inciter la diaspora à organiser, là où elle se trouve, des protestations « pacifiques » a-t-il insisté – « causer des dégâts se retournerait contre la cause que nous voulons défendre » – à « utiliser ses contacts pour attirer l’attention sur ce qui se passe au Congo« , à « téléphoner au pays pour inciter nos connaissances à soutenir » les marches organisées contre Joseph Kabila. Celle du 15 novembre, organisée par le mouvement citoyen Lucha, et celle du 28 novembre, que prépare l’opposition politique. Et « à ne pas laisser passer le cap du 31 décembre« , car si Joseph Kabila n’est pas parti à cette date, « la communauté internationale, qui choisit toujours la facilité, viendra avec une série de mesures qu’on nous obligera à accepter et à garder Kabila en échange de nouvelles promesses – auxquelles nous ne croyons plus« .
Les contrats signés « seront nuls »
Le calendrier électoral qui a été rendu public le 5 novembre ne sert qu’à « lâcher du lest pour desserrer la pression » de la comunauté internationale – « et vous avez vu que ça marche, les Etats-Unis l’ont félicité ». Et Tshisekedi d’avertir « tous ceux qui signent des contrats avec Joseph Kabila: quand les choses auront changé, ils seront nuls ».
Conscient que beaucoup de Congolais se demandent « comment » le peuple pourrait chasser Joseph Kabila d’ici au 31 décembre, il s’est insurgé contre ceux qui y voyaient un manque de réalisme. « Nous sommes le peuple congolais (…) Comment notre volonté de changer les choses au Congo pourrait-elle ne pas se réaliser si nous le voulons vraiment? ».
« Ils ne peuvent pas tuer 80 millions de Congolais
Le président du Rassemblement d’opposition a énuméré des indices de « peur » et de « manque de confiance » en leurs troupes des kabilistes. « Si nous nous mettons ensemble (..), ils vont fuir. Alors faisons-le! Ils ne peuvent pas tuer 80 millions de Congolais. Certains seront tués. Nous en ferons nos martyrs », tandis que les responsables actuels « iront en prison jusqu’à la fin de leurs jours » (« A mort », suggéraient plutôt des membres du public).
Interrogé sur l’importante réunion qui s’est tenue discrètement, le week-end dernier à Bruxelles, M. Tshisekedi a répondu qu’il ne pouvait rien en révéler parce qu’elle était « secrète » mais que son but était de barrer la route à Joseph Kabila. « Par des actions pacifiques mais fermes et constantes ». « Certains participants à cette réunion ne veulent pas être connus; d’autres sont les opposants connus ».
Marie-France Cros
Dépêches
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