Samedi, Mai 18, 2024

CONFESSION A WENGE

Mon histoire se déroula dans mon pays natal, le Congo. Sur ce territoire ensoleillé, les arbres se dressent avec majesté, comme des colosses de la démesure. Depuis leurs racines qui s’enfoncent dans la terre jusqu’à leur tronc massif, en passant par les branches foisonnantes, dont il arrive que les feuilles frissonnent sous un souffle chaud, ces plantes d’une dimension phénoménale se présentent aux yeux de tous comme les dépositaires d’une mémoire ancestrale. Ces arbres ont vu naître chaque génération. De famille en famille, il se murmure qu’à l’aube de l’adolescence, plus d’un Congolais s’est penché sur leur écorce, sous le fardeau d’un amour infortuné. A la fleur de l’âge, plus d’une Congolaise s’est assise au pied de ces vivants gigantesques, en formant dans le siège de son esprit le rêve d’épouser un homme, venu des terres septentrionales !

Sous l’égide de ces géants de la nature, les pères devenus vieux ont raconté à leurs progénitures des récits empreints de légendes, qui ont circulé de village en village depuis une époque reculée, lorsque ces patriarches n’étaient encore que des petits enfants.

A l’ombre de ces titans à l’aspect de végétaux, les femmes du pays ont préparé avec un art sans égal, dont elles ont le secret, le pondu succulent parsemé de poissons délicieux, le foufou à la pâte moelleuse d’une couleur neigeuse, et la viande d’antilope qui, confiée à leurs mains expertes, fond doucement dans la bouche.

Nul ne doute que les fils et les filles du pays s’épanchent le cœur, en enlaçant tant bien que mal ces arbres magnifiques. A voix  basse, ces enfants du Congo leur ont relaté leurs mésaventures, comme si ces enfants s’adressaient à des êtres hors du commun.

Il est certain que ces gardiens d’une taille immense remplirent  la fonction de CONFESSEUR, auprès des Congolais. Ceux-ci attribuaient à ceux-là le pouvoir de les apaiser de leur peine, par le truchement de la confession !

Ces arbres grandioses ont pour nom « Wengé ». Ce ne sont pas que des plantes de vingt mètres de haut, dont la longévité peut atteindre deux cents ans. Ils sont davantage. Ceux qui parmi nous sont appelés « Anciens » disent que les Wengé forment l’habitacle des âmes défuntes, dont les actions ont été plus qu’honorables ! C’est à l’un d’eux, à qui j’ai fait la confession de mon malheur. A genoux devant un Wengé, j’ai ouvert mon âme avec les phrases, teintées de ma blessure de cœur :

« Ô Wengé, le VENERABLE, le DIRECTEUR des âmes, ce jour-là, le soleil paraissait s’enliser dans un firmament à la couleur d’or.

Mon frère, Salif, invita des adolescents de nos âges à participer à notre jeu de prédilection. Il se tint à mes côtés. Aux alentours de la maison familiale, sur la place publique, Salif lança un appel. Il cria : « Footbaall », « Fooootbaaaal », … En moins de dix minutes, des jeunes africains accoururent ! J’aidai mon frère à composer trois équipes. Je constatais que nous possédions trois joueurs en trop. Salif leur suggéra d’être des réserves et de se tenir prêts, pour remplacer au cours de la partie un joueur blessé ou qui demande à se reposer, à cause de la fatigue qu’il éprouverait.

Nous n’étions que deux fils dans la famille. Salif était le cadet. Lors de sa venue au monde, notre mère subit des complications telles que le médecin lui signala qu’elle ne serait plus en état de donner la vie, dorénavant.

Salif, du haut de ses quinze ans, mesurait un mètre septante-cinq. Il était surnommé par tous « GOLIATH ». Sur son visage osseux, son front ressortait par sa proéminence. Son regard expressif indiquait un caractère fort et bien marqué, car dès que Salif le posait sur un quelconque interlocuteur, une impression de malaise perdurait chez celui-ci. Son nez épaté, à la façon d’un bas-relief, avait l’air de se détacher de ce fond de chair sombre, que prolongeait une moue quelque peu ironique, surgissant par moments sur des lèvres volumineuses.

Mon frère était d’une minceur, qui annonce une allure sportive. Il était d’une grande vivacité, qui traversait son corps, tout de muscles. Nous nous vouions un attachement sincère mais quelque peu entaché par une rivalité puérile, que nous éprouvions tous deux l’un pour l’autre. Salif était un meneur assez fanfaron, pourvu d’un charisme manifeste. Je ne souhaite pas médire sur son compte. Cependant je l’ai vu, dans certaines circonstances, entrer dans des colères sombres, à la moindre contrariété à souffrir. A cet égard, son orgueil d’une étendue considérable le poussait à haïr avec ferveur le fait d’essuyer la défaite ! Tel était un aspect marquant du caractère de mon frère.

Nous nous sommes rendus sur un terrain vague, dont l’extrémité aboutissait à un précipice. Celui-ci ne dépassait pas huit mètres de haut et n’avait pas été obstrué, en raison des carences financières des pouvoirs publics.

Pour venir sur ce terrain, il fallait gravir une légère montée. Ce terrain était entouré de quatre longs grillages. Sur l’un d’eux, une porte de fer y était adjointe. Salif l’ouvrit et en franchissait le seuil. Les autres suivirent, moi le premier. Sous nos yeux, un petit escalier donnait accès au terrain en question. Nous avons monté cet escalier, avec une prestesse trahissant notre  impatience de jouer.

A la va-vite, certains des adolescents parmi nous jetèrent quelques habits, aux deux extrémités opposées du terrain, à dessein de constituer de larges goals. A mon instigation, quelques jeunes s’armèrent de quelques branches solides, trouvées sur ce terrain même, pour tracer avec force un rectangle assez vaste. Il était question de circonscrire notre espace de jeu. Salif demanda à son équipe de former, en faveur des deux camps, les contours des deux surfaces de réparation.

Il ne manquait plus qu’à tirer au sort, afin de déterminer l’équipe, qui commencerait les hostilités. Salif prit son équipe et alla dans la direction d’Osonko. Mon frère l’avait rencontré près du grand lac, à moins de deux kilomètres, derrière la maison familiale. Osonko y était aux côtés de son oncle, qui souhaitait l’initier à l’art de pêcher des poissons. A un moment, les regards d’Osonko et de Salif se sont croisés. Ces deux adolescents s’adressèrent la parole. Depuis, Osonko était un habitué de la maison. Osonko et mon frère devenaient de bons amis.

Osonko était assez petit et trapu. Pas un seul cheveu ne recouvrait son crane. Il s’aimait tant sous cette apparence. Son front était bombé, ses yeux, globuleux et son nez, comme écrasé sur sa figure très sombre. Sur sa bouche aux lèvres d’une grosseur modeste, était toujours esquissé un sourire un peu niais.

Osonko, dont l’équipe se tenait derrière ses talons, faisait face à mon frère, à qui il dit ce mot : « Pile ! » Salif jeta une pièce métallique en l’air, qui à une certaine hauteur retomba en rebondissant sur un caillou. Le choc du caillou et de la pièce fut la cause d’un petit bruit sourd, comme une sorte de cliquetis. « C’est face ! », fit mon frère, tout sourire. « C’est nous qui commençons ! » poursuivit-il au grand dam d’Osonko, dépité. Celui-ci me chercha du regard et marcha à ma rencontre. Il avait ramassé la pièce, que Salif avait abandonnée par inadvertance, tant il était satisfait de débuter la partie. A son tour, il lança la pièce vers le haut. Il s’écria : « Face ! » En même temps, nous nous précipitions vers l’endroit, où la pièce était tombée. Je regardai mon interlocuteur. Je lui dis : « C’est moi, qui gagne ! C’est pile ! » Osonko devint résigné après ce second revers. Il s’installa derrière les limites du grand rectangle. Il s’était mis, les deux pieds en tailleur. Les membres de son équipe et les trois réserves firent de même.

Je laissai à mon frère l’initiative d’effectuer le centre. Un des réserves émit le souhait d’arbitrer cette rencontre amicale. Il possédait un sifflet, qu’il exhiba d’un air triomphant. Le coup d’envoi retentissait. Dès le début, je fondai littéralement sur le possesseur du ballon, mon frère. Salif m’esquiva par un jeu de jambes, dont il était coutumier. Il déboula brusquement vers le but de mon équipe. Je le pris en chasse. Il dribla trois joueurs par des feintes de corps et à l’aide d’une promptitude assez surprenante. Je craignis le goal, au commencement de la première mi-temps. Je fis un effort surhumain, pour dépasser mon frère. J’accomplissais cet objectif. Salif se tint juste sous mes yeux, comme je le souhaitai. L’instant de notre face à face advint, donc. Ce ne sera pas le dernier ! Il ne fallait pas de coup franc, à proximité de mon gardien de but. Je savais qu’il suffisait, que je gagne du temps. Pour obtenir ce répit, il était impératif que le ballon sorte des repères, fraîchement fixés sur le terrain. A cette tâche, je m’employai de tout cœur. Salif piqua brusquement à ma gauche et fila tout droit. Il avait compté sur la vitesse de son déplacement, certain de sortir vainqueur de cette confrontation. Je le rejoignis avec difficulté. Nous courions côte à côté sur moins de dix mètres. A toute allure, mon frère conduisait la balle. Cependant j’ai réussi en déployant tous mes efforts à la pousser du bout de pied, hors des limites de l’espace de jeu. Un membre de l’équipe de mon frère s’apprêta à exécuter une sortie en règle. Malgré ma respiration haletante, je fus vigilant à l’égard de Salif. Il m’importait qu’il ne marquât pas un but ! Salif me trouva trop pressant et me dit : « Ca va, calme tes nerfs, tu es trop près ! » Le ballon quitta les mains du membre de son équipe, pour valser dans ma direction. Mon frère me fausse compagnie. Le ballon passa au-dessus de ma tête. Salif l’avait réceptionné par une amortie de la poitrine. Je fis volte-face et fonçai vers mon frère. Ce dernier pénétra dans la surface de réparation, et avec une adresse rare, se fraya un passage entre deux défenseurs. Il avait réalisé le plus difficile. Maintenant il engagea un duel avec le gardien de but. Le suspens fut de courte durée. Le gardien plongea en avant vers le ballon. Toutefois le ballon évolua à ras de terre du côté droit, pour finir sa course entre les deux habits jetés-là et servant de but ! L’équipe de Salif manifesta son allégresse par une exhibition qui enthousiasmait le public : Osonko, ses joueurs et les deux réserves. Parmi cette équipe, certains exécutèrent des bonds impressionnants. Les uns emplirent les airs de bruits d’animaux. Les autres portèrent sur leurs épaules le héros de la situation, le marqueur de but, mon frère. L’intéressé exulta, fut aux anges. Toutes ces attitudes en apparence disparates formèrent à mes yeux un ensemble  indistinct, dans lequel chaque détail, pris isolément, participait à donner du sens à l’évènement, qui venait de se produire, le goal de Salif. Je voyais l’expression de ce ravissement, comme un coup psychologique sur mon amour-propre, un coup d’une force fantastique. Le rire de mon frère et de sa bande me rappelait mon incapacité à empêcher le but, à garder sous contrôle le joueur à tenir, à m’accaparer ce ballon et à le propulser dans le but adverse !

Ô Wengé, le CONFESSEUR, voir Salif prendre des airs de célébrité, me touchait jusqu’à la racine de mon être. A mon insu, se développait dans mon cœur la plante de mon ressentiment, à son égard ! Je considérais que ce but le servait, à légitimer sa propension à la vanité ! Cela me causait –je le reconnais– une irritation, qui me démangeait jusqu’à la colère !

Quoique la déception se lise sur mon visage, je déposais le ballon au centre du terrain. Un de mes équipiers, à mes côtés, n’attendait que le coup de sifflet de l’arbitre, pour m’envoyer la balle d’une passe de l’extérieur droit. Un calme quelque peu sinistre se répandit autour de nous, tel un signe de mauvais augure. Sur le moment, je n’y prêtai pas attention. Le référé siffla à pleins poumons. Dès lors, la balle roula jusqu’à moi. Je l’interceptai, en posant mon pied dessus. Je restai immobile, durant plusieurs secondes. Entre-temps, deux joueurs se précipitèrent pour me subtiliser le ballon. Je me débarrassai d’eux par un double crochet, tantôt à gauche, tantôt à droite. N’arrêtant pas le ballon en mouvement, je le menai vers le côté latéral du terrain. Par cette action, je m’étais mis en difficulté. En effet, je fus encerclé par trois joueurs. Le regard vif, je repérai un partenaire démarqué, étant seul. Frappant la balle du coup de pied, je l’élevai pour lober mes adversaires, m’environnant. Ce fut chose faite. Ils entrèrent tous trois dans une stupéfaction, jetant un grief à leurs partenaires, au sujet de mon équipier laissé à l’abandon. Ce dernier demeura inerte dans l’intervalle d’un instant. Dès que des joueurs de l’équipe adverse survinrent près du ballon, il me le fit parvenir tout droit dans les pieds. Je me situai à peu de mètres du goal opposé. Je fis mine de décocher un boulet de canon. Deux défenseurs de l’autre camp crurent ce canular. Le temps qu’ils réalisent que je les avais dupés, j’évoluais à trois foulées hors de leur portée. Tout à coup, se précipitant à ma droite, Salif à l’instar d’une furie, s’interposa et bloqua le ballon d’un pied ferme et décidé ! Je devais absolument me dégager, au risque de perdre l’avantage, que j’avais acquis. J’optai pour un retrait, ramenant le ballon en arrière. J’eus la présence d’esprit de faire une passe à un joueur de mon équipe. Celui-ci s’enferra dans la défense de nos adversaires. Le ballon lui fut enlevé.  In extrémis, il le récupéra. Comme dans un dernier effort, la balle menaçante prit son envol, vers le but de l’équipe de Salif. Le gardien protégea son goal, d’un coup de poing héroïque. Ainsi, le ballon ricochant arriva dans mes parages. Tel un ouragan, je vins et je m’en emparai. Cependant Salif me barra le chemin. A nouveau, je l’affrontais. Mon frère était lucide et se doutait de mon intention de le contraindre, à commettre une faute. Un de ses co-équipiers lui prêta main-forte. Je fus vite repoussé vers le coin gauche de leur goal, dans les environs du précipice. Salif fit un signe à son partenaire, qui battit en retraite. Mon frère me lança à la figure d’un ton hautain : « Attends, tu vas recevoir la raclée, petit joueur ! » Il s’élança avec vigueur vers le ballon, que d’un pied je reculai en arrière, en pivotant de l’autre sur moi-même, de façon inattendue. Salif perdit l’équilibre, étonné qu’il fût  par ce drible que j’avais effectué. Il tomba en chute libre la tête en avant, dans ce précipice non négligeable. L’extinction de son souffle vital se produisit, en un moment bref et unique ! Il n’eut pas l’occasion de souffrir. Je ne vis pas le corps tomber. J’arrivai trop tard. Je ne pus qu’entendre un bruit léger, qui m’a semblé macabre. J’ai su par le médecin qui l’a ausculté, que ce bruit était consécutif à sa nuque brisée, sous la violence du choc. Mon frère gisait au fond du précipice, étalé de tout son long, la vie l’ayant quitté depuis quelques instants ! J’eus un temps de réaction, avant de comprendre le dernier acte de la tragédie, qui s’achevait par le surgissement de la mort !

Ô WENGE, GRAND ARBRE DE LA VIE, je t’ai tout dit. Je t’ai montré la plaie, qui s’ouvre jusque dans mon âme. Il est temps de la cautériser, en entreprenant le voyage de l’obscur. Je te remercie de tout cœur car me confesser à ta grandeur m’a apporté soulagement et réconfort momentané. Tu vois jusqu’à quel point, j’ai ma part de responsabilité dans cette perte irréparable, qu’est ce départ prématuré de Salif, pour la région opaque de ce qui n’est plus ! ».

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Ici s’arrête le manuscrit de Samy Sambwa, le frère du regretté Salif. Cet écrit avait été rédigé le lendemain de ce grand malheur. Samy entrait dans sa dix-septième année. Il était de deux ans plus âgé que Salif. A son exemple, il possédait la taille athlétique d’un éphèbe, et la peau de la couleur ensoleillée de l’Afrique noire. Sa ressemblance physique avec son frère était saisissante. Régulièrement, on les prenait l’un pour l’autre. Un grand nombre de l’entourage, pour s’abstenir d’un examen attentif des physionomies respectives des deux frères, ne s’en tenait qu’à deux signes, qui distinguaient Samy de Salif. L’un résidait dans les lunettes d’un bois sombre, aux verres assez petits, et à la forme rectangulaire, que portait toujours Samy. L’autre dans le point de beauté que ce frère, venant de mourir, avait près de la bouche.

Après sa confession à Wengé, il alla au grand lac, près du domicile familial. Il s’était affublé d’une veste assez légère, dont il avait rempli les poches, de pierres de grosses tailles. Il avait évité ses proches durant quelques heures, et échappait en cette occurrence à tous les convives venus chez lui, en témoignage de leur empathie, lors de ce jour de deuil. Il tenait à s’ensevelir dans la solitude. Il posait son regard sur le grand lac, où en surface s’y dessinait son portrait en train de flotter. Samy rompant ce silence mélancolique, dans lequel il s’était enfermé, s’adressa à son image qui se reflétait sur les eaux.

« Ca y est, cher esprit, je suis prêt à m’en aller. Salif m’attend. Ce feu d’existence qui fait battre mon cœur, je tiens à le lui rendre puisque je lui ai dérobé la vie sans le savoir. Je ne m’apprête là qu’à user d’un procédé juste. Ainsi, par cet acte à venir, chacun de nous deux recevra son dû. A celui à qui une chose lui a été prise, il faut savoir la lui restituer. N’est-ce pas l’expression de la Justice ?

Je devine le froid tempétueux, qui envahit mon frère. Je ressens aussi ce climat hostile car l’hiver triomphe dans mon corps. Il suffira de nous unir l’un à l’autre, et vainqueur de cette saison froide, le soleil de nos êtres reconstitués dissipera le crépuscule. Salif a besoin de ma personne, tout comme je ne peux pas me passer de sa présence. »

D’un coup, Samy se jeta dans le grand lac, à pieds joints et les bras tendus le long des hanches. Son corps filiforme heurta les flots et s’enfonça de plus en plus. A l’aide de la force de son poids, que les pierres dans sa veste alourdissaient, le frère de Salif a touché le fond de ces eaux, couché sur le dos. En cet endroit, Samy, le regard clos, était sur le point de s’endormir dans la tranquillité. Néanmoins, une pression se fit sentir, au niveau de son bras gauche. Samy a rouvert les yeux, bouleversé. Que se passait-il ? Samy croyait devenir un dément. Il crut voir le fantôme de Salif ! Souffrit-il d’une hallucination visuelle ? A coup sûr, le spectre se tenait  à ses côtés. Ce fantôme remuait les lèvres et fronçait les sourcils. Sa voix retentissait sous le front de Samy. Cette communication était-elle télépathique ? Samy eut été incapable de le démontrer. Cela ne l’empêcha pas d’entendre dans sa tête la voix de ce frère fantomatique.

« Ne reste pas là ! Honte à toi de fuir l’existence ! Il te revient de devenir fort, petit joueur ! Ce n’est pas TA FAUTE, si mon âme s’est extraite de mon corps. Tiens-le pour dit ! Et sache que si j’en avais encore l’occasion, je m’insurgerais contre le calvaire de l’adversité ! Vis-à-vis des revers de la condition humaine, puise dans tes propres énergies l’élan nécessaire, pour la cause de la vie ! »

Pendant la communication de ce spectre, Samy fut pétrifié de stupeur. Au terme du dernier mot entendu, il puisa dans ses forces ultimes, pour revenir en surface. Samy ôtait sa veste lourde et battait des jambes, avec vigueur. Il tendait les deux bras en avant. Il atteignit le grand jour, tenant la tête hors des eaux du lac. Il poussa un cri au contact de l’air, qu’il respira avec vigueur. Il s’éloigna des flots. Trempé, Samy arpenta le chemin vers la maison familiale. Il était agité par ce qu’il venait de vivre. Il interpela le fantôme de Salif : « Mon frère, un jour qui n’est pas si loin, nous nous retrouverons ! Je le sais ! Toutefois, le temps n’est pas venu. Pas encore ! »

 

 

FIN

 

 

Saïd Kalonga.

 

Tous les textes de Saïd Kalonga font l’objet d’une protection juridique et sont donc protégés contre toute éventuelle atteinte à la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

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Ali Kalonga

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