Élections des Sénateurs, des Gouverneurs et Vice-gouverneurs : Vivement les suffrages directs !



Les députés provinciaux ont voté, lundi 29 avril 2024, au second degré (suffrage indirect), les Sénateurs ainsi que les Gouverneurs et Vice-gouverneurs de province. Seulement dans les vingt (20) provinces sur les vingt-six (26) que compte la RDC -République démocratique du Congo-. Que des surprises -agréables ou désagréables, c'est selon-, avec de nouvelles figures à la tête des dix-sept (17) provinces. Sauf dans les deux (2) provinces, le Lualaba et le Haut Katanga, où, respectivement, Fifi Masuka (qui était intérimaire) et Jean Jacques Kiabula ont été réélus. Au Sud Kivu, il y aura un deuxième tour dans 72 heures. Au-delà du spectacle électoral pour le moins désolant auquel les députés provinciaux ont fait assister l'opinion tant nationale qu'internationale, quelles leçons y tirer et quelles précautions prendre, pour que, dans l'avenir, des conséquences néfastes soient évitées à la RDC ?

Constat

Il s'est observé, d'une manière générale, que, dans les Organes délibérants de toutes les vingt (20) provinces, les scrutins combinés des Sénateurs, des Gouverneurs et Vice-gouverneurs se sont bien déroulés. Tout s'y est passé comme prévu, sous la direction de la CENI -Commission électorale nationale indépendante- et la surveillance des observateurs électoraux et des témoins tant des partis et regroupements politiques que des candidats indépendants. Aucun incident majeur, même mineur, n'y a été enregistré.

Des leçons tirées

Il ressort de ces élections, précisément celles des Gouverneurs et Vice-gouverneurs, qu'il y a eu l'arrivée de nouvelles figures à la tête de la plupart des provinces. Ce qui, à première vue, répond aux aspirations des populations meurtries, qui ne juraient plus que sur la sanction négative à infliger à tous ces Gouverneurs affairistes n'ayant pas su bien gérer leurs juridictions respectives, les ayant rendues invivables, pour ne pas dire ingouvernables, exposées à une insécurité généralisée doublée de l'insalubrité. 

Seulement voilà : au fond, ce changement n'est que factice, de façade. Car, en clair, ceux que d'aucuns appellent à tort les Grands électeurs, les députés provinciaux, ont fait la honte de la République, en n'ayant pas voté en âme et conscience, comme le veut le principe sacro-saint du jeu démocratique. Par contre, ils ont préféré, toute honte bue, suivre le mot d'ordre de leurs regroupements politiques, tels des moutons de Panurge, ou se laisser corrompre, en monnayant leurs voix.

Au vu et su de tout le monde, les députés provinciaux, à cause du mot d'ordre de la hiérarchie et/ou de leur cupidité, ont voté, à quelques exceptions près, la médiocrité et l'incompétence au détriment de l'excellence et de l'expertise.

Ainsi, ils ont sacrifié les provinces et les populations sur l'autel de leurs intérêts politichiens et autres appétits gloutons.

 Des conséquences inévitables

Toutes choses restant égales par ailleurs, rien, en vérité, n'a changé au fond. Comme par le passé, les fameux Grands électeurs n'ont, en réalité, que confié la gestion des provinces à des gens qui ne seront jamais redevables à leurs gouvernés. Car, ces Gouverneurs visiblement nommés qu'élus, auront plus des comptes à rendre à leurs regroupements politiques, grâce au mot d'ordre desquels les élus provinciaux les ont votés.

Aussi, ces Gouverneurs et Vice-gouverneurs travailleront beaucoup plus pour leurs propres intérêts, afin d'amasser le plus vite possible des richesses qui devront combler les vides laissés par les fortunes englouties dans la corruption des députés provinciaux, pour se faire élire

Ce qui veut dire que les attentes et aspirations des populations seront reléguées au second plan, comme cela a toujours été le cas.

L'insécurité grandissante tant décriée, le banditisme urbain qui prend de plus en plus de l'ampleur dans toutes les agglomérations, au point de plonger toutes les provinces, pour ne pas dire tout le pays dans l'ingouvernabilité, l'insalubrité ainsi que les conditions sociales précaires des Congolais dues à la modicité salariale, l'érosion monétaire, la perte du pouvoir d'achat et au chômage cohabiteront encore longtemps avec les paisibles citoyens floués et déçus, qui n'auront que leurs yeux pour pleurer leurs mères, femmes et filles violées, ainsi que leurs parents, frères et enfants tués ou kidnappés par les rebelles, les miliciens, les terroristes ou les agresseurs.

Malgré la décentralisation du pouvoir voulue par le Constituant, pour rapprocher les gouvernants des gouvernés, en vue de promouvoir la politique de proximité, le petit peuple, pourtant souverain primaire, ne jouira nullement de la gestion participative de ses entités territoriales décentralisées.

 Vivement les suffrages directs

Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on. Tant que les élections des Sénateurs, des Gouverneurs et Vice-gouverneurs se dérouleront au second degré, c'est-à-dire au suffrage indirect, l'on assistera toujours à ce même spectacle désolant de corruption à ciel ouvert. Un spectacle entretenu par ceux-là même qui aspirent à diriger les provinces du pays, en complicité avec leurs électeurs qui seront leurs contrôleurs, sous l'œil complaisant des autorités compétentes et impuissant d'une Justice politisée.

Que faire alors ? Décidément, à l'unanimité, des voix s'élèvent de partout pour le changement du système électoral des Sénateurs, des Gouverneurs et Vice-gouverneurs.

Que plus jamais les députés provinciaux, qui font de ces élections indirectes leurs fonds de commerce, n'élisent les Sénateurs, les Gouverneurs et Vice-gouverneurs. Par contre, que désormais soient au suffrage universel direct les élections des Gouverneurs et Vice-gouverneurs, comme l'est la présidentielle. 

Cela, de l'avis de plus d'un observateur, permettra de rendre les futurs Gouverneurs redevables devant leurs gouvernés, et responsables devant les députés provinciaux. Ces derniers, à leur tour, devront effectuer un contrôle parlementaire sans complaisance de l'action gouvernementale de l'Exécutif provincial, tant ils ne se sentiront nullement coupables d'une dette morale de la part de qui que ce soit, hormis leur redevabilité au peuple qu'ils représentent au niveau des Assemblées provinciales.

C'est seulement à ce prix là que les provinces du Congo ne seront plus jamais à la merci de ceux qui continueront de servir leurs partis politiques et leurs propres intérêts égoïstes, au grand dam des provinces elles-mêmes et des populations.

Agir autrement, même si l'on assiste à l'avènement de nouvelles figures à la tête des provinces, c'est déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul.

Bijou NDJODJI BATEKO

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